De Younes et Ahmed Mouhoub, une finale de CAN U17 et un rêve pour deux !
- Omar Chraibi
- 3 days ago
- 2 min read

Lorsque Ahmed Mouhoub a inscrit le tir au but décisif face à la Côte d’Ivoire, propulsant les Lionceaux de l’Atlas en finale de la Coupe d’Afrique U17, une clameur s’est levée dans les tribunes du stade El Bachir de Mohammédia. Ce n’était pas seulement un cri de victoire, c’était l’écho d’une histoire plus ancienne, plus intime, plus profonde.
L’histoire commence un 4 juin 1999. Ce jour-là, Younes Mouhoub, jeune espoir du Chabab Mohammédia, quitte l’entraînement et prend le chemin du retour. Quelques minutes plus tard, la trajectoire de sa vie dérape : une voiture conduite par un migrant imprudent le fauche violemment. Le diagnostic est sans appel : sa jambe droite est amputée.
Sa carrière s’effondre, son rêve de devenir footballeur professionnel s’éteint brutalement, au même moment où, coïncidence tragique, le monde commémore la Journée internationale des enfants victimes d’agression.
De ce 4 juin, Younes ne garde pas seulement la cicatrice physique d’un été confisqué, il porte aussi le poids d’un avenir volé. Il troque les stades pour les hôpitaux, les crampons pour les prothèses, les espoirs pour les séances de rééducation.
Et pourtant, il ne renonce pas. Il reprend ses études, obtient un diplôme universitaire, s’intègre dans la vie économique du pays. Mais surtout, il transforme sa douleur en énergie, sa page Facebook en refuge d’espoir pour tous ceux qui, comme lui, ont vu la vie les surprendre au détour d’une route.
Ce que Younes ne pouvait pas imaginer, c’est que son fils, Ahmed, reprendrait le fil interrompu de son destin. À 17 ans, le jeune Mouhoub incarne l’élégance du pardon, la force de la transmission, la beauté d’un rêve hérité.
Il n’est pas seulement l’un des piliers de la sélection marocaine U17. Il est la preuve vivante que les rêves brisés peuvent se recoller, à condition d’être portés avec amour, patience et courage.
Il y a parfois des noms qui ne doivent pas sombrer dans l’oubli. Celui de Mouhoub, inscrit sur les feuilles de match de Mohammédia, résonnera désormais dans tout un pays. Avec Ahmed, ce nom est redevenu une bannière, un cri, une fierté.
Et à la veille de la finale continentale, alors que tout un peuple retient son souffle, une famille sait déjà que, quoi qu’il advienne, elle a remporté le plus beau des trophées : la dignité retrouvée.